En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour vous proposer des services adaptés.

cdv logo  

Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

logo EGM Toulouse

Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Le Monde - Anne-Aël Durand - 28/09/2017

Le ministre de l’intérieur envisage de doubler la durée d’enfermement des étrangers en attente d’expulsion. Pourtant, la plupart des mesures sont prononcées rapidement.

Les étrangers en attente d’être expulsés du territoire français vont-ils devoir patienter jusqu’à trois mois dans des centres de rétention ? Une première version du projet de loi sur l’immigration, révélée jeudi 28 septembre par l’Agence France-Presse (AFP), envisage de passer de quarante-cinq à quatre-vingt-dix jours la durée maximale d’enfermement dans des centres de rétention administrative (CRA). Cette mesure « encore en discussion », selon le ministère de l’intérieur, est l’occasion de se pencher sur ces lieux, qui ne sont pas des prisons, mais où sont retenues près de 46 000 personnes par an.

Vingt-quatre centres répartis en métropole et outre-mer

Les centres de rétention administrative sont des bâtiments surveillés par la police ou la gendarmerie, dans lesquels sont retenus des étrangers en situation irrégulière qui font l’objet d’une procédure d’« éloignement forcé » (expulsion), mais qui ne peuvent pas quitter immédiatement la France. Comme le précise le ministère de l’intérieur, un CRA n’est pas une prison, car la privation de liberté a été décidée par l’administration et non par un juge, c’est pourquoi on parle de « rétention » et non de « détention » ou « d’emprisonnement ».

Les personnes qui s’y trouvent peuvent circuler librement dans le bâtiment, disposent de chambres collectives, d’une cantine et d’un téléphone pour cinquante personnes. Plusieurs associations d’aide aux étrangers y sont officiellement autorisées (la Cimade, France terre d’asile, Forum réfugiés, l’Ordre de Malte, l’Assfam, Solidarité Mayotte) et peuvent rendre compte de la situation sur place. L’ensemble des chiffres ci-dessous sont tirés de leur rapport annuel.

Vingt-quatre centres de rétention sont répartis sur tout le territoire français, dont cinq en Ile-de-France et quatre outre-mer, pour une capacité de 1 823 places. A cela s’ajoutent 231 places dans vingt-six locaux de rétention administrative plus petits.

46 000 étrangers enfermés, dont la moitié outre-mer

En 2016, les associations ont comptabilisé exactement 45 937 étrangers passés dans un centre ou un local de rétention, dont près de la moitié outre-mer. Dans son rapport annuel, la Cimade explique que le nombre d’enfermements a baissé de 13 % en métropole en raison de l’état d’urgence, qui a conduit à réaffecter des policiers à d’autres missions, alors qu’il augmentait de 15 % outre-mer. La plus grosse activité a été enregistrée à Pamandzi, sur l’île de Mayotte, qui a vu défiler près de 20 000 étrangers en un an, dont la plupart ne restent que quelques heures avant d’être expulsés. Le centre de Coquelles, dans le Pas-de-Calais, a accueilli 3 000 personnes, la plupart issues des campements démantelés à Calais.

Le placement en détention reste stable depuis 2012

Screen Shot 2017 10 04 at 11.36.42

7,5 % de femmes et 4 507 enfants

La plupart des étrangers en attente d’expulsion sont des hommes, les femmes ne représentant que 7,5 % de la population des CRA. En dépit des condamnations de la Cour européenne des droits de l’homme, les associations ont déploré la présence de 182 enfants privés de liberté dans les centres de rétention de la métropole en 2016, dont 92 avaient moins de 5 ans. Ce chiffre, réduit drastiquement à partir de 2012 – c’était une promesse du candidat Hollande –, n’a cessé d’augmenter au cours de son quinquennat.

Le nombre d'enfants en rétention administrative a quadruplé en trois ans

Screen Shot 2017 10 04 at 11.50.59
 

A Mayotte, où le flux migratoire en provenance des Comores est très élevé, le centre de rétention administrative ne fournit pas d’indication sur le nombre de femmes retenues, mais 4 325 enfants y ont transité en 2016.

Des situations différentes selon le pays d’origine

Les Maghrébins sont de loin les plus nombreux dans les CRA de métropole : Algériens, Marocains et Tunisiens représentent près d’un tiers des étrangers enfermés. Ils ne sont pourtant pas les premiers à être expulsés. Ce sont les Albanais et les Roumains qui sont le plus systématiquement renvoyés vers leur pays.

Screen Shot 2017 10 04 at 12.22.33

Moins de la moitié d’étrangers finalement expulsés

Le passage par un centre de rétention administrative ne conduit pas systématiquement à une procédure d’expulsion, tant s’en faut. En 2016, parmi les 23 000 personnes qui ont été enfermées, moins de 9 500 ont finalement été expulsées, dont près de la moitié vers un autre pays de l’Union européenne. Il s’agit alors soit de leur pays d’origine, soit du premier pays de l’UE dans lequel elles étaient arrivées et où elles doivent présenter une demande d’asile en vertu de la procédure de Dublin. En théorie, ces dernières ne devraient pas être enfermées.

Seule une toute petite minorité des étrangers retenus (3,7 %, soit moins de 800 personnes) est libérée en raison de l’expiration du délai légal de quarante-cinq jours.
Screen Shot 2017 10 04 at 12.32.18

Une moyenne de 12,7 jours, très variable selon les CRA

La durée maximale de rétention n’a cessé d’être allongée depuis la création de la rétention administrative : de sept jours en 1981, douze en 1998, puis trente-deux en 2003 et désormais quarante-cinq jours depuis 2011. Pourtant, la plupart des étrangers voient leur sort réglé en bien moins longtemps. La durée moyenne du séjour en CRA est de 12,7 jours en 2016, un chiffre stable depuis 2011. Et les associations insistent sur le fait que la grande majorité des expulsions sont prononcées au cours des dix premiers jours. Elles estiment qu’allonger la durée de rétention reviendrait à « faire subir une privation de liberté bien trop longue au regard de l’efficacité recherchée ».

Screen Shot 2017 10 04 at 12.35.59
Les durées de séjour sont aussi très inégales d’un établissement à l’autre. Les étrangers sont retenus plus de dix-sept jours en moyenne au CRA de Toulouse ou de Marseille, alors qu’ils restent moins de dix jours à Rennes et un peu plus d’une semaine à Coquelles.
 
Screen Shot 2017 10 04 at 12.38.29
 

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

Visites au CRA

Archive

Powered by mod LCA