En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour vous proposer des services adaptés.

cdv logo  

Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

logo EGM Toulouse

Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : gisti - action collective - 07/09/2021

Il y a tout juste un an, le 05 septembre 2020, mourait Aleksandra, bébé née prématurément après une intervention policière sur le littoral proche de Calais. Un an plus tard, un collectif de soutien, composé d’universitaires, de militant·es, d’artistes et d’associations, demande que toute la lumière soit faite sur cette affaire.

Dans la nuit du 1er au 2 septembre 2020, aux environs de 4h du matin, sur le littoral à proximité d’Oye-Plage (62), une patrouille de gendarmerie interpelle un groupe d’exilé·es sur le point de franchir la Manche à bord d’un zodiac. Les gendarmes détruisent l’embarcation et confisquent les gilets de sauvetage des réfugié·es.

Parmi les personnes interpellées se trouvent Rupak Sharif et Hazhar Ibrahim, un couple originaire du Kurdistan irakien, et leurs deux enfants, Anas (9 ans) et Ilarya (2 ans).

Peu de temps après l’interpellation, Rupak, enceinte de 35 semaines, ressent de vives douleurs et perd les eaux. Rupak et Hazhar demandent à plusieurs reprises l’aide des gendarmes pour se rendre en urgence à l’hôpital. Ces derniers refusent systématiquement et vont maintenir de force le groupe d’exilé·es dans le froid, sur la plage, pendant plusieurs heures avant de les abandonner sur les lieux.

Les exilé·es tentent alors de se rapprocher de la route la plus proche afin de trouver de l’aide.

Ce n’est qu’aux alentours de 7h que les secours sont contactés et qu’une ambulance est enfin envoyée sur place. Rupak est prise en charge en urgence au centre hospitalier de Calais où elle subit une césarienne. Elle donne naissance à Aleksandra qui souffre de nombreuses pathologies, dont une hémorragie pulmonaire, et est immédiatement placée sous assistance respiratoire.

Trois jours plus tard, malgré les efforts du corps médical, l’état de santé d’Aleksandra ne s’améliore pas. Avec l’accord de ses parents, la décision est prise d’arrêter l’assistance respiratoire. Le soir même, Aleksandra décède.

Traumatisé·es par les circonstances de la mort d’Aleksandra, Rupak et Hazhar ont décidé de déposer plainte contre X pour « violences volontaires » et « non-assistance à personne en danger » le 19 février 2021.

Anticipant la médiatisation de cet évènement tragique et la mise en cause des forces de l’ordre, le 3 mars 2021, le préfet du Pas-de-Calais a publié un communiqué qui exempte les gendarmes de toutes responsabilités. Considérant « qu’aucun des migrants n’a fait part de difficultés particulières », le préfet va même jusqu’à inverser la responsabilité, en culpabilisant Rupak et Hazhar et en déclarant que « cet événement témoigne de la dangerosité des tentatives périlleuses de traversées du détroit avec des embarcations de fortune ».

Encore une fois les autorités couvrent les violences des forces de l’ordre à la frontière franco-britannique.

Depuis plus de 25 ans, les exilé·es passé·es par le Calaisis et leurs soutiens associatifs et militants dénoncent les violences policières perpétrées à l’encontre des migrant·es dans cette zone frontalière. Le Défenseur des droits a également souligné les abus en la matière à plusieurs reprises. Pourtant, rien ne change. Malgré les accusations répétées de violences ou de harcèlement de la part des forces de l’ordre, policiers et gendarmes ne sont que trop rarement sanctionnés. Violences physiques, gazages, expulsions journalières, intimidations et humiliations et confiscations de biens constituent le quotidien des migrant·es présent·es à Calais et dans la région.

Les autorités ont fait du Calaisis un territoire où les droits des personnes étrangères sont en permanence piétinés et où la seule loi en vigueur pour elles est celle de la matraque et de l’arbitraire policier raciste.

Dans le même temps, les autorités britanniques ne cessent d’encourager politiquement et financièrement ces politiques violentes et meurtrières au nom de «  la lutte contre l’immigration illégale ». En novembre 2020, le Royaume- Uni a ainsi accordé 31,4 millions d’euros (£ 28,1 millions) à la France afin de stopper les traversées de la Manche, notamment en renforçant les patrouilles de gendarmerie et de la police nationale sur les plages de la région.

Un nouvel accord, d’un montant de 63 millions d’euros (£ 54 millions), a été signé depuis cet été, destiné à déployer de nouvelles technologies de surveillance et à doubler le nombre de patrouilles sur les plages. Ces mêmes forces de l’ordre qui ont été impliquées dans la mort d’Aleksandra.

La mort d’Aleksandra Sharif n’est pas un acte isolé. Depuis 1999, plus de 300 décès de personnes étrangères ont été recensés à cette frontière.

Mortes en tentant de franchir la frontière, cachées dans la remorque d’un camion, électrocutées par un caténaire du site d’Eurotunnel ou noyées dans la Manche, mortes d’insuffisance de prise en charge médicale ou des suites d’une intervention des forces de l’ordre.

La mort d’Aleksandra Hazhar est donc bel et bien la conséquence de politiques publiques, nées d’une succession de traités et d’accords bilatéraux entre la France et le Royaume-Uni, qui ont fait de cet espace transfrontalier une zone mortifère pour les personnes exilées.

La multiplication des dispositifs de contrôle de la frontière forcent les exilé·es à adopter des techniques de passage toujours plus dangereuses et rendent le recours aux réseaux de passeurs, que les autorités prétendent combattre, toujours plus nécessaire. Au final, la responsabilité ne se trouve pas du côté des exilé·es, tel·les que Rupak et Hazhar, qui sont obligé·es d’entreprendre ces traversées, mais bel et bien du côté des gouvernements qui privent ces personnes de toute autre option.

Nous, signataires de cette tribune, nous déclarons solidaires de Rupak et Hazhar et réclamons que justice soit faite pour et en mémoire d’Aleksandra Hazhar.

Nous exigeons que toute la lumière soit faite sur la responsabilité exacte des gendarmes, mais aussi des autorités administratives et politiques dans ce drame et dans la mise en place de politiques meurtrières à Calais et dans la région.

Signataires :

  • Agier Michel, Anthropologue, directeur d’études EHESS et IRD
  • Amilhat Szary Anne-Laure, Professeure, Université Grenoble Alpes & Laboratoire Pacte
  • Assbague Sihame, Journaliste et militante antiraciste
  • Balibar Etienne, Professeur honoraire, Université de Paris-Nanterre
  • Blanchard Emmanuel, Maître de conférences en science politique, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines
  • Cantat Céline, Paris School of International Affairs, Sciences Po
  • Casella Colombeau Sara, Politiste, Université Grenoble-Alpes
  • Clochard Olivier , Géographe (Migrinter/CNRS) et membre de Migreurop
  • Cosnay Marie, Autrice
  • Da Lage Emilie, Maître de conférences, Université de Lille, membre des Non Lieux de l’Exil
  • Del Biaggio Cristina, Géographe (Université Grenoble Alpes / Laboratoire Pacte), membre de Migreurop
  • Dorlin Elsa, Professeure de philosophie, université Toulouse Jean Jaurès
  • Fassin Didier, Institut d’étude avancée de Princeton
  • Fassin Eric, Sociologue, Université Paris 8 (Laboratoire d’études de genre et de sexualité (LEGS))
  • Fischer Bénédicte, Maître de conférences en droit public, Université Grenoble Alpes et Directrice adjointe du CERDAP, Sciences Po Grenoble/Université Grenoble Alpes
  • Gemenne François, FNRS Senior Research Associate, Director, The Hugo Observatory, Department of Geography, University of Liège
  • Harchi Kaoutar, Ecrivaine, sociologue
  • Heller Charles, Co-directeur de Border Forensics et co-président de Migreurop
  • Héran Francois, Professeur au Collège de France
  • Louis Camille, Dramaturge et philosophe
  • Massiah Gustave, Economiste
  • Morice Alain, Anthropologue (CNRS), Université de Paris
  • Saint-Saëns Isabelle, Militante associative
  • Salemkour Malik, Président de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH)
  • Schmoll Camille, Géographe, EHESS
  • Spire Alexis, Directeur de recherche au CNRS
  • Tyszler Elsa, Sociologue, Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris (CRESPPA)-CNRS, membre de Migreurop

Organisations :

  • ACC Minorités Visibles
  • AITE (Accueil Information de Tous les Etrangers)
  • ASTI d’Aix-Marseille
  • Association Shanti
  • Auberge des migrants
  • La Cabane Juridique
  • Calais Food Collective
  • Cercle de silence d’Aix-en-Provence
  • La Cimade Nord Picardie
  • Gisti
  • Human Rights Observers (HRO)
  • Ligue des Droits de l’Homme (LDH)
  • Migreurop
  • MRAP Dunkerque
  • Refugee Info Bus
  • Refugee Women’s Centre
  • Roya Citoyenne
  • Secours Catholique
  • Salam Nord/Pas-de-Calais
  • Tous Migrants
  • Utopia 56
  • Watch the Channel

 

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

Visites au CRA

Archive

Powered by mod LCA