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Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Mediapart - Nathalie Moga - 21/08/2021

Ma mère est originaire de Kaboul. Elle a fait partie de la première vague d'immigration afghane en France, suite à l'invasion soviétique de 1979. Arrivée à Strasbourg, elle n'avait rien, sauf la chance de tout redémarrer à zéro. Et c'est déjà beaucoup.

L’asile. C’est le plus beau présent que la France ait offert à ma mère. La chance de fuir les tirs, la misère, la condamnation à une vie de peur, ou à une mort prématurée. De la main d’un autre qui plus est. Quand elle est arrivée en France, il y a 37 ans, sans un sou en poche et sans un mot de français en tête, ça n’a pas été facile.

Bien sûr, l’Etat était là, avec ses aides financières, ses assistantes sociales, son accompagnement, ses hébergements d’urgence. Et malgré cela, tout était dur, il fallait réapprendre, refaire, recommencer. Et malgré tout ce qui avait été accompli auparavant, un diplôme de médecine en poche, notamment, il fallait tout prouver à nouveau.

Car en pays méritocratique, il n’y a pas de cadeaux, mais il y a des chances. « Tout ce que vous pouvez faire ici madame, c’est femme de ménage », lui avait-on prédit (le concept de méritocratie était probablement trop long à expliquer à ce moment là).

Aujourd’hui, ma mère est médecin dans un désert médical. Elle sert la société, paye de larges impôts, se dévoue aux autres et à leur santé. Elle a rendu à la France ce que la France lui a donné, de façon indéniable. Preuve qu’accueillir la misère ne rend pas forcément misérable, mais au contraire parfois plus riche, et toujours plus digne.

Parce qu’offrir un bout de terre sans guerre à quelqu’un qui est prêt à tout pour survivre, même à s’accrocher aux ailes d’un avion sur le point de décoller, peut parfois lui permettre de fleurir mille fois.

A tous ceux qui ont peur de l’accueil, à tous ceux que des images plates et sinistres ont rendu insensibles, mettons au défi votre humanité de rencontrer n’importe quel réfugié, d’écouter son histoire, et de décider que nous ne sommes pas en mesure de l’accueillir.

Parce que la plus petite des tentes, vaut mieux qu’une burqa obligatoire. Parce que n’importe lequel d’entre vous choisirait la tente.

Aujourd’hui les visages des femmes disparaissent des rues de Kaboul, des fantômes peu à peu les remplacent. Mais les femmes afghanes, comme ma mère, comme moi, sommes partout, debout dans le monde, fortes, fières et résilientes.

A toutes nos sœurs qui fuient, pour continuer à vivre, nous qui avons réussi à fuir, qui sommes nées de mères qui ont fui, nous sommes avec vous, nous pensons à vous, nous voulons voir vos visages et entendre vos voix. Nous ne vous effacerons pas de nos pensées, nous partagerons vos images.

Parce que nous aurions pu être à votre place, n’importe qui aurait pu l’être. Et que s’ils y avaient été, ils auraient vraiment bien aimé qu’on leur ouvre la porte.

 

 

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

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