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Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : L'Humanité - Émilien Urbach - 18/05/2021

Aïcha, 17 ans, est ivoirienne. La jeune exilée a été secourue le 26 avril au large des îles Canaries. Elle raconte aujourd'hui un calvaire à peine imaginable. Son témoignage met une nouvelle fois l’accent sur les terribles conséquences des politiques migratoires européennes.

Aïcha, tout juste 17 ans, a passé trois semaines à bord d’une embarcation en bois à la dérive, entourée des corps sans vie de ses compagnons d’infortune. La jeune exilée ivoirienne a été secourue, il y a trois semaines, au large de l’archipel espagnol des Canaries. Dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux, depuis ce dimanche 16 mai, elle témoigne d’un calvaire à peine imaginable.

56 personnes mortes sous ses yeux

L’adolescente doit la vie à un avion de l’armée ibérique, qui, le 26 avril, a repéré l’esquif au large de l’île espagnole d’El Hierro. On compte seulement deux autres rescapés parmi les 58 personnes qui ont embarqué avec elle depuis la Mauritanie, vingt-deux jours plus tôt, en quête d’un refuge en Europe.

 
 

« Dans la pirogue, deux jours après, il n’y avait plus d’eau, plus de nourriture, raconte Aïcha. Le quatrième jour, plus d’essence. Il y avait des hommes qui n’arrivaient même pas à se lever et hurlaient de soif. On se servait de chaussures remplies d’eau de mer pour les faire boire. » Et de préciser, en sanglots, à propos des 56 personnes mortes sous ses yeux : « À la fin, même plus la force de faire des prières, même plus la force de prendre le corps et de le jeter à l’eau. »

Les actions illégales et répétées de Frontex

Cet effroyable témoignage met une nouvelle fois en lumière la route migratoire atlantique empruntée par de plus en plus d’exilés africains. En 2020, selon le ministère de l’Intérieur espagnol, 23 023 personnes ont atteint l’Europe par l’archipel des Canaries. Et selon l’ONG Caminando Fronteras, ils sont 1 851 à avoir trouvé la mort sur ce trajet. C’est la conséquence directe des politiques européennes visant à rendre plus difficiles les autres passages maritimes, à coups d’accords passés avec les milices libyennes, en Méditerranée centrale, avec la Turquie, en mer Égée, et en renforçant partout l’action de l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (Frontex).


Carte interactive De 1993 à 2020 : comment la Méditerranée est devenue la frontière migratoire la plus meurtrière au monde


Le patron de Frontex, Fabrice Leggeri, est d’ailleurs venu rencontrer, mercredi 12 mai, les 41 agents de l’organisation déployés dans les îles Canaries. « La coopération entre les autorités espagnoles et Frontex est essentielle pour toute l’Europe », pouvait-on lire sur le compte Twitter de l’agence, à l’occasion de cette visite surprise n’augurant rien de bon. L’homme est déjà dans le viseur de plusieurs ONG et de députés de la gauche européenne pour avoir ordonné à ses équipes de participer à des refoulements d’exilés, en mer Égée et en Méditerranée centrale. Des actions illégales et répétées qui font même l’objet d’une enquête ouverte, en Grèce, par l’Office européen de lutte antifraude.

Le mur dressé en Méditerranée

« Nous exhortons la communauté internationale (…) à proposer des alternatives sûres à ces périples dangereux et désespérés. (…) Les voies légales doivent être élargies », déclarait pourtant la porte-parole du Haut-Commissariat aux réfugiés en Italie, le 6 mai, lors du débarquement, en Sicile, de 450 exilés secourus par le navire de l’ONG Sea Watch. Mais, de toute évidence, les États membres de l’Union européenne restent sourds à ces appels répétés, préférant continuer de renforcer les moyens d’action de Frontex et des Libyens.

Jeudi 13 mai, 17 exilés étaient de nouveau portés disparus au large de la Tunisie. Le nombre de morts, depuis janvier 2021, au pied du mur dressé, en Méditerranée, par les artisans de l’Europe-forteresse, dépasse aujourd’hui les 630 personnes. Presque quatre fois plus que l’an dernier à la même époque. On doit dorénavant ajouter à ce funeste décompte ceux qui par centaines périssent aussi, dans l’Atlantique, sur le parcours emprunté par Aïcha.

 

 

 

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

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