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Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Chronique du CRA de Paris-Vincennes - 23/09/2020

C’est avec une certaine curiosité et une bonne dose d’appréhension que j’ai effectué ma première visite post confinement au CRA, début août. J’ai tout pour être mal à l’aise, car l’amie qui m’accompagne, a oublié sa carte d’identité et ne peut pas entrer, j’y vais donc seule, ce que je n’aime pas du tout… Notre pratique est de toujours être deux. On essaye d'éviter ainsi divers problèmes : subjectivité, difficultés de compréhension, analyse commune de la visite...

La police prend 2 visites en même temps, ce qui est plutôt positif et va m’éviter d’être seule visiteuse dans le local, ce qui veut dire : haute surveillance des échanges par la police. Fouille comme d’habitude puis arrivée dans le local. Là, tout est changé, bien sûr. Le policier assis à la table à gauche est désormais protégé par un plexiglas, il porte, comme tous ses collègues, un masque, autant dire que les échanges ne sont pas faciles, mais là n’est pas l’essentiel. Le local comprend désormais 2 emplacements de conversation, parallèles et placés en biais, par rapport aux policiers qui occupent toujours le mur de gauche : la surveillance des échanges est ainsi beaucoup plus efficace qu’avant.
Avant le Covid (autant dire dans une autre vie), les tables des visiteurs étaient perpendiculaires et les plus éloignées des policiers, finalement assez discrètes : les amoureux se plaçaient ainsi, au fond, à droite, si les policiers le permettaient (et ce n’était pas toujours le cas) et pouvaient échanger tendrement.
Ce n’est plus le cas ! Chaque place est constituée de 2 tables face à face, séparées par un plexiglace ; en bas, au centre, une ouverture très étroite permet de passer des papiers. Comme les policiers, les retenus arrivent masqués, on s’installe…


Je vous laisse imaginer la qualité des échanges : deux personnes masquées, séparées par un épais plexiglace, tentent de se parler : mais nous avons ici une barrière supplémentaire, celle de la langue, ce qui complique encore le semblant de communication que nous cherchons -désespérément- à établir. Pendant ce temps, les policiers, toujours aussi nombreux, discutent, d’autant plus fort, qu’ils sont masqués et haussent la voix pour se faire comprendre.
Le retenu et moi cherchons des trucs pour améliorer la situation : on commence par retirer le masque : coup de semonce des policiers, on se remasque dare-dare. Le retenu parle assez bien français, mais il déforme malgré tout certains mots et nous peinons beaucoup. Les policiers sont six à présent, le niveau sonore monte. Le retenu tente un dernier essai : il se couche sur la table et me parle à travers la fente passe-documents ; à mon tour, je me couche sur la table et approche mon oreille. Je vous laisse imaginer la scène, du plus haut comique, si elle ne me paraissait pas, surtout, pathétique… Cela me fait penser à une scène de Chaplin, clown triste s’il en est…
Fin de la visite : nous quittons notre plexiglace et, à côté des tables, le retenu m’embrasse chaleureusement, il n’y a pas à dire, ça fait du bien !


Pendant la visite, mon amie a parlé avec les familles qui attendent et a recueilli des renseignements supplémentaires : à leur arrivée, les retenus sont mis 48h à l’isolement, pour vérifier qu’ils ne sont pas contaminés : ainsi, des familles qui se sont précipitées pour rendre visite à leur parent, fraîchement arrivé, sont reparties bredouilles ; nous ignorons si les nouveaux arrivés sont testés… Sinon, nous ne comprenons pas la raison d’un isolement, finalement assez bref…
C’est comme toujours, bien tristement, que nous repartons, avec cette question qui nous taraude : allons-nous continuer à effectuer des visites dans de telles conditions ?


Dernière info : désormais, les policiers n’autorisent plus qu’un seul visiteur par retenu. Cela nous pose problème : être seul avec le retenu n’est pas facile ; par ailleurs, en cas de difficultés avec la police, c’est toujours mieux d’avoir un témoin. Nous réfléchissons à une autre organisation de nos futures visites.

 

 

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

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