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Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Libération - Stéphanie Maurice - 15/09/2020

Un arrêté préfectoral empêche les distributions de nourriture réalisées par les associations depuis la semaine dernière dans le centre-ville de Calais. Risquant de fragiliser encore davantage les exilés.

«Quick, quick !» A cause du récent arrêté préfectoral d’interdiction de distribution des repas dans le centre de Calais, Yolaine, bénévole à Salam, une association d’aide aux migrants, presse le mouvement. Dans cette rue de la zone portuaire de la sous-préfecture du Pas-de-Calais, on voit des entrepôts, des sorties de parkings d’entreprises et, au loin, l’embarquement des ferries pour la Grande-Bretagne. Les exilés candidats au passage clandestin sont déjà alignés. Lundi matin, ils sont une cinquantaine pour cette distribution du petit-déjeuner, qui se fait à l’arrache, au cul de la camionnette. Thé et café très sucrés, bouts de pain et bananes. Une voiture de la police nationale est garée juste devant et Yolaine craint de devoir s’arrêter et de laisser en plan ces hommes, en grande majorité Soudanais et Erythréens. «Vous voyez la pression», lâche-t-elle.

Il avait déjà fallu trouver le bon endroit où se garer, pas devant les sorties d’usine, pour éviter de gêner. «C’est interdit de distribuer là», lance un des policiers en patrouille. «Ah non, la rue ici ne fait pas partie de la liste, on a l’arrêté avec nous si vous voulez», rétorque Ferri, une autre bénévole. «C’est de l’intimidation», soupire-t-elle. Yolaine se détend, les policiers sont repartis, sans autre tracasserie. Vendredi dernier, elle s’est vue infliger une amende de quatrième catégorie pour avoir donné à manger dans la zone interdite par l’arrêté préfectoral. «On ne connaît pas encore le montant, c’est le juge qui va statuer. Honnêtement, je ne pensais pas que cela prendrait effet aussi tôt», reconnaît-elle.

«On n’a pas les moyens d’acheter à manger»

L’affaire a été vite pliée : rendez-vous de la maire de Calais (LR), Natacha Bouchart, avec Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, le 10 septembre ; publication de l’arrêté préfectoral le soir même, avec application du 11 au 30 septembre, pour cause de perturbation à l’ordre public et non respect de la distanciation sociale. Natacha Bouchart soutient l’arrêté, même si elle l’aurait voulu encore plus restrictif : «Le ministre a pris une bonne mesure. J’espère qu’il va réfléchir à étendre ce périmètre de façon expérimentale, pour créer une zone frontière à Calais, avec des dispositifs judiciaires plus durs quand on incite les migrants à passer.» Dans son viseur, les passeurs, mais aussi les associations «activistes, qui n’existent que par les migrants de Calais».

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Le nombre d’exilés augmente avec le succès des traversées en small boats de la Manche. La maire les estime aujourd’hui autour de 1 500 dans sa ville. Mi-juillet, l’Etat a démantelé le campement de la zone industrielle des Dunes, ce qui a éparpillé les exilés dans tout Calais. «Avant juillet, on n’avait pas besoin de distribuer en centre-ville, il n’y avait personne», assure Maya Konforti, de l’Auberge des migrants. L’arrêté a eu pour conséquence de briser les habitudes et d’augmenter la précarité : pour les exilés, savoir où et à quelle heure manger est primordial. Deux camarades tentent de comprendre la logique de l’Etat : «Pourquoi ils interdisent ? On n’a pas les moyens d’acheter à manger. Les gens vont se mettre à voler.» Ils connaissent la Vie active, l’association mandatée par l’Etat, la seule qui peut distribuer des repas. «Mais quand on mange chez eux, ensuite, on a envie de dormir. Ils mettent quelque chose dans la nourriture», s’inventent-ils.

«Hunger»

Il est 14h30, pas loin de l’hôpital de Calais, un des deux lieux de distribution autorisés. La Vie active a retardé sa venue. Une évacuation policière est programmée, pour limiter la croissance du camp qui s’est installé juste à côté, dans un petit bois. Des exilés, habitués, ont anticipé, avec chariot de supermarché rempli d’affaires personnelles et tente igloo même pas démontée, posée à côté d’eux sur le trottoir. Un petit groupe d’Ethiopiens patiente, dont deux femmes et une petite fille de 1 an et 8 mois. La plus âgée montre son ventre et dit un simple mot d’anglais : «Hunger». Faim. Ils expliquent venir d’Allemagne, où leur demande d’asile n’a pas été acceptée, et veulent tenter leur chance en Angleterre.

 

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Après l’intervention policière, les uns et les autres retourneront à leur place. Ils sont de plus en plus nombreux. Au moins 400, d’après Maya Konforti. A l’opposé de la stratégie de l’Etat, qui ne veut pas de campement qui grossit. Mais limiter le nombre de points de distribution a visiblement l’effet opposé. Interpellée sur ce point, la préfecture n’a pas répondu, se contentant de rappeler : «Plus de 2 500 petits-déjeuners et repas sont distribués chaque jour dans de bonnes conditions et sans créer de troubles à l’ordre public, contrairement aux distributions illicites opérées par certaines associations.»

 

 

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

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