En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour vous proposer des services adaptés.

cdv logo  

Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

logo EGM Toulouse

Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Mayotte hebdo - G.M - 2/7/2020

Alors que plusieurs cas de coronavirus ont été détectés chez des personnes intégrées au centre de rétention administrative, Julien kerdoncuf, sous-préfet en charge de la lutte contre l’immigration clandestine, répond aux inquiétudes qu’a suscité la nouvelle. Et assure que « des protections sanitaires maximales », sont mises en place au sein d’un CRA qu’il espère prochainement redevenir point de départ des reconduites.

Flash Infos : Considérez-vous que toutes les mesures sont prises pour éviter une propagation du coronavirus au sein du centre de rétention administrative ?

Julien Kerdoncuf : Premièrement, et ce n’est pas nouveau, nous avons à Mayotte le seul centre de rétention en France à organiser un examen médical préalable à la rétention pour les personnes qui arrivent par voie maritime. Dans ce cadre, le protocole permet de savoir si l’état de santé de la personne interpellée est compatible ou non avec la rétention. Actuellement, cela permet également de déterminer si ces personnes ont des symptômes évocateurs du Covid, auquel cas elles ne sont pas placées en rétention. Deuxièmement, le CRA de Mayotte est doté d’une infirmerie particulièrement robuste pour laquelle une convention prévoit d’allonger ses horaires afin qu’elle soit ouverte 24h/24.

Par ailleurs, les personnes qui sont placées au centre sont désormais systématiquement testées. Il est vrai que parmi elles, nous avons diagnostiqué plusieurs personnes positives au coronavirus. Il s’agit d’une mère de famille accompagnée de ses quatre enfants qui ont été placés au centre d’hébergement de Tsararano lorsque les résultats sont tombés. Plus récemment, six autres cas positifs ont été testés et ont suivi le même chemin. Alors, quand on dit qu’il y a des cas de Covid en rétention, ce n’est pas le cas dès lors que le diagnostic est posé, on persuade les malades d’intégrer le centre de Tsararano le temps de leur guérison.

De plus, 5.000 masques ont été remis au CRA il y a plusieurs semaines, accompagné de gel hydroalcoolique ou encore de tenues de protection. Une formation aux gestes barrière a également été menée auprès des forces de l’ordre au tout début de l’épidémie et une autre au personnel du centre il y a une semaine. Enfin, nous avons revu l’organisation du CRA pour respecter ces mêmes gestes barrière. Concrètement, nous séparons les zones en fonction des arrivées de kwassa - seules ces personnes étant intégrées dans le centre actuellement - afin de ne pas mélanger les groupes et d’éviter de croiser les flux de personnes tant que les résultats des tests ne sont pas connus. Dernier point, les repas sont servis dans les zones et non plus au réfectoire.

L’effort est donc considérable et si, effectivement, le virus circule encore sur le territoire, tout est fait pour que le centre ne connaisse pas de vague épidémique comme on a pu le constater dans d’autres administrations par exemple.

FI : Différentes mesures que vous citez, en premier lieu le dépistage systématique, sont pourtant très récentes alors que le centre a rouvert il y a plus d’un mois. Par ailleurs, les personnes sont tout de même intégrées le temps que les résultats de leurs tests soient connus, ce qui laisse le temps à une éventuelle propagation du virus…

J. K. : C’est vrai, les tests n’ont pas été mis en place immédiatement, il y a eu plusieurs semaines de battement. Mais je rappelle que la doctrine nationale sur le sujet est de ne tester que les personnes symptomatiques. Et dans la mesure où nous procédons à un examen médical préalable à la rétention, on peut considérer que cette évaluation est déjà faite. Dès lors, on voit que l’on va, avec ce test, plus loin que la doctrine nationale.

En ce qui concerne les tests, les résultats arrivent dans les 48 heures et les groupes de kwassa ne sont, je le répète, pas mélangés et la distanciation physique est possible au vu de la taille des différentes zones du CRA. Dans ce cadre, je ne vois pas en quoi il serait pire d’être intégré au centre que de faire 12 heures de traversée dans un kwassa.

FI : Que se passerait-il si le nombre de zones venait à être inférieur au nombre de kwassas interpellés ?

J. K. : Cela ne s’est pour l’heure jamais produit. En ce qui concerne les personnes positives au coronavirus, elles sont incitées à rejoindre le centre de Tsararano et en ce qui concerne les autres, elles sont libérées au bout d’un certain temps puisque les reconduites ne peuvent malheureusement pas être effectuées. Cela libère donc de la place dans les zones que nous décontaminons après chaque passage.

FI : Pour autant, le personnel du CRA et des syndicats de police s’inquiètent de cette situation, ces derniers allant jusqu’à pointer un manque d’information de la part des autorités… Comprenez-vous cette inquiétude ?

J. K. : Mon rôle n’est pas d’alerter les syndicats de police mais les policiers qui sont sur le terrain au plus proche des dangers sanitaires. Lorsque le premier cas de Covid a été diagnostiqué, nous avons tout de suite convoqué le personnel afin de les en informer et de leur demander de renforcer leurs précautions. En ce qui concerne l’inquiétude, elle est tout à fait légitime mais relève du ressenti. Tout le monde a peur d’attraper le Covid et c’est bien normal. Mais en fournissant tous les efforts que j’ai évoqués, n’y a-t-il finalement pas moins de risque au centre qu’en allant faire ses courses ? Je comprends donc l’inquiétude et nous sommes là pour rassurer le personnel mais en parallèle de ça, il y a toutes les mesures qui forment une protection optimale contre la propagation du virus.

FI : Pour vous, il n’y a donc pas de risque à intégrer dans un même centre, par nature fermé et pendant 48h, des personnes dont on ne connaît pas l’état de santé pour, in fine, les libérer ?

J . K. : La question qu’il faut se poser est : quelle est l’alternative ? Est-ce qu’il n’est pas finalement plus sûr d’intégrer ces personnes dans un centre qui respecte toutes les précautions et qui permet d’effectuer des tests sur les personnes qui arrivent et, le cas échéant, les inviter à se protéger en intégrant le centre de Tsararano que de laisser tout le monde dans la nature dans l’ignorance de leur état de santé ? Pour moi, la réponse est assez claire.

FI : Vous adoptez un discours sanitaire quand d’autres voient dans la réouverture du CRA sans reconduites un geste essentiellement politique…

J. K. : Les reconduites ne sont effectivement pas possible pour l’heure mais si nous faisons cela, c’est que nous avons la certitude de pouvoir les reprendre dans des délais raisonnables. Le ministère des Affaires étrangères et l’Élysée sont tellement mobilisés dans la reprise des reconduites vers les Comores et Madagascar que tout laisse à penser qu’elles puissent effectivement reprendre dans les jours ou les semaines prochaines. Le juge des libertés et de la détention estime que ce n’est pas le cas dans la plupart des dossiers qui lui sont soumis mais il ne m’appartient pas de commenter ses décisions. De notre côté, notre travail est d’obtenir le plus rapidement l’accord des autorités comoriennes pour reprendre les éloignements. Nous nous activons tous très forts en ce sens en coulisse et si effectivement nous n’avons pas de date pour l’heure, tous les efforts sont faits.

FI : Les dépistages resteraient-ils systématiques ? Une personne testée positive pourrait-elle être reconduite ?

J. K : Je vais être très clair : nous n’éloignerons pas les personnes testées positives.

 

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

Visites au CRA

Archive

Powered by mod LCA