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Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Médiapart - FINI DE RIRE - 7/5/2020

Près d'un demi-million d'étrangers participent à la vie collective tout en étant interdits de séjour. Proposées par Charles Pasqua en 1998 ou par la Cour des Comptes pas plus tard que cette semaine, voici quelques analyses dépassionnées qui seraient bien utiles pour mettre fin à une situation incompréhensible.

La Cour des Comptes vient de rendre public un passionnant rapport détaillant la pratique administrative d'accueil des étrangers en France, L’entrée, le séjour et le premier accueil des personnes étrangères.

Nous en extrayons quelques éléments

« Le présent rapport constitue une analyse synthétique des politiques d’entrée et de séjour des personnes étrangères prévues par le code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (Ceseda) et examine la gestion des procédures et des dispositifs mis en œuvre à ce titre par l’État. Il ne porte donc pas sur l’immigration en tant que phénomène social, géopolitique ou historique. »
« Depuis 2003, les huit lois intervenues dans le domaine de l’immigration et de l’asile ont réitéré, avec des nuances d’expression, les trois mêmes objectifs consistant à « maîtriser l’immigration », « garantir le droit d’asile » et « réussir l’intégration ».
L’objectif de « maîtrise » est généralement compris comme synonyme de réduction du nombre de personnes admises à séjourner en France.
À cette aune, il n’a pas été atteint au cours des dernières années. Mais ce terme de « maîtrise » entretient un malentendu quant à la capacité des pouvoirs publics à limiter l’immigration. En réalité, seule la moitié des premiers titres accordés en 2018 – et seulement un quart si l’on excepte l’accueil d’étudiants, la seule composante de l’immigration pour laquelle est affiché un objectif de croissance – procède d’une décision entièrement maîtrisée par les autorités publiques, l’autre moitié étant la contrepartie de droits individuels protégés par la Constitution et l’ordre juridique international, que l’État ne peut ni prévoir, ni restreindre. »

« L’immigration irrégulière est par définition difficile à saisir et à quantifier. Les rares études disponibles montrent que les personnes en situation irrégulière, dans leur majorité, sont entrées légalement en France et s’y sont maintenues à l’expiration de leur titre (visa touristique, premier titre de séjour) ou après le rejet de leur demande d’asile. L’ordre de grandeur souvent évoqué de 350 000 à 400 000 personnes en situation irrégulière présentes sur le territoire n’est pas contredit par ces études1. À l’exception de l’aide médicale d’État et dans un autre registre de la scolarisation des enfants, elles ne bénéficient pas des prestations sociales de droit commun et ne « réapparaissent » qu’à travers la procédure de régularisation du séjour, qui a bénéficié à près de 38 000 personnes en 2018, ou au contraire dans le cadre de la politique de départ, qui a abouti au départ de 30 276 personnes la même année. »

« En une quinzaine d’années, les procédures et dispositifs qui étaient pilotés par les ministères en charge des affaires sociales, des affaires étrangères, de la justice et du travail ont été placés sous la responsabilité du ministère de l’intérieur (...) incarnée aujourd’hui par une administration centrale forte et des préfectures sous tension, notamment du fait d’une gestion encore peu modernisée des titres de séjour. »
« Le régime juridique de la régularisation, dénommée admission exceptionnelle au séjour, repose sur un pouvoir discrétionnaire d’appréciation de l’administration encadré par des circulaires. Depuis au moins 2004, ces circulaires suggèrent aux préfets de retenir une durée de séjour minimale de cinq ans, au point que celle-ci a quasiment le statut d’une règle. La circulaire actuellement en vigueur, en date du 28 novembre 2012, a contribué à résorber des situations laissées en attente, ce qui s’est traduit par une augmentation significative du nombre d’admissions au séjour en 2013. Par la suite, et jusqu’à 2018, celui-ci s’est stabilisé. »

« Plusieurs signes montrent que de nombreuses préfectures, y compris parmi les plus importantes, ne parviennent plus à accueillir les personnes et à instruire les demandes liées à l’immigration dans des conditions satisfaisantes. (…) Files d’attente importantes le matin et saturation des guichets dès leur ouverture, réception du public limitée à quelques demi-journées par semaine, obligation de se présenter en personne sans certitude d’être reçu, et, épisodiquement dans les préfectures les plus engorgées, fermeture des services de plusieurs jours à plusieurs mois le temps de résorber une partie des stocks de dossiers.  »
« Dans la plupart des préfectures, les conditions de délivrance des titres de séjour se dégradent, tant du point de vue des personnes qui y sont soumises que des agents de l’État qui en sont chargés. Les délais moyens de décision se sont allongés de 10 % entre 2016 et 2018 pour les premiers titres et de 34 % pour les renouvellements, avant de baisser au premier semestre 2019 grâce à diverses initiatives locales. En 2019, toute délivrance de titre nécessite en moyenne près de quatre visites en préfecture, loin de l’objectif d’un seul passage évoqué par la direction générale des étrangers en France (DGEF). »
« Les difficultés attestées en préfecture pour accueillir et traiter les demandes des personnes en attente d’un titre de séjour résultent moins d’une insuffisance globale de moyens que d’un régime marqué par la brièveté des titres et les renouvellements fréquents, de surcroît peu soutenu par une modernisation numérique dont les chantiers sont en retard. (…) La Cour recommande que ce régime soit modernisé dans une logique d’efficience, en allongeant la durée des titres, en automatisant le renouvellement de ceux qui s’y prêtent et en accélérant les chantiers de dématérialisation. »
« (Malgré l'allocation de moyens supplémentaires), le recours aux vacataires et aux agents en contrat à durée déterminée de moins d’un an reste très fréquent, notamment pour les activités de guichet. Outre que pour ces agents, les vérifications auprès de leur hiérarchie sont nombreuses, ce qui ne constitue pas un gage d’efficience, leur renouvellement fréquent constitue un facteur de fragilité qui ne peut être ignoré. »

« Il n’existe aujourd’hui aucun dispositif rigoureux de mesure ou d’estimation du nombre de sorties durables du territoire, même en limitant ce recensement aux titulaires d’un titre de séjour. Aucune solution juridique, technique ou administrative crédible n’est aisée à concevoir pour pallier cette carence.
Tout d’abord, la constitution de l’espace européen de libre circulation (« espace Schengen ») a conduit à supprimer les contrôles aux frontières sur le territoire métropolitain qui de toutes façons portaient principalement sur les entrées et ne se sont jamais traduits par un enregistrement rigoureux des sorties. À supposer que le franchissement des frontières s’y traduise par un «tamponné» traçable par un système centralisé, celui-ci ne correspondrait qu’à une fraction des sorties, non extrapolable en départs durables. »

« Le non-renouvellement des titres de séjour, quant à lui, ne fait l’objet d’aucun suivi, et même si c’était le cas, il ne rendrait pas compte des sorties du territoire pour trois raisons au moins : tous les étrangers dont le titre de séjour vient à expiration ne quittent pas forcément le territoire ; les personnes qui quittent le territoire avant l’expiration de leur titre de séjour ne seraient décomptées comme sorties que plusieurs mois, voire plusieurs années après ; des titulaires d’un titre de séjour sont susceptibles de n’en avoir plus besoin pour résider de plein droit en France, notamment en cas de naturalisation. »

En conclusion, quelques avis et recommandations.
Extraits.

« Les procédures d’immigration régulière, familiale et professionnelle, ont été insuffisamment modernisées. Elles apparaissent inutilement longues et complexes, peu prioritaires dans l’organisation et l’activité des services, et peu orientées par des objectifs qualitatifs. »
« Revoir la communication publique des données relatives à l’immigration en organisant celles-ci en quatre sous-ensembles distincts représentant, sur la base des références règlementaires fondant les titres de séjour ».

Quatre catégories qui se répartissant comme suit en 2018.

  • Immigration en vue d'un séjour durable : 22%
  • Asile et régularisation des personnes déjà présentes : 18%
  • Étudiants, travailleurs temporaires et court séjour : 25%
  • Demandeurs d'asile en attente : 35%

*

Le rapport de la Cour des comptes est analysé plus en détail dans un article de Julia Pascual dans Le Monde du 5 mai 2020. Immigration : la Cour des comptes étrille les lourdeurs administratives, à lire ici. (pdf, 99.3 kB)

***

Et voici un extrait de déclarations faites par Charles Pasqua dans Le Monde du 18 juillet 1998.

Un an après la campagne de régularisations du gouvernement Jospin faisant suite au mouvement des sans-papiers de 1996 (80 000 régularisations pour 143 000 demandes), il indique être pour une régularisation de tous les sans-papiers.

« On ne peut en sortir qu'en régularisant la totalité des personnes qui en ont fait la demande, sauf ceux qui ont commis un autre délit. Lorsque ces étrangers se sont rendus dans les préfectures, ils s'en sont remis à la bonne foi des autorités françaises. Ils ont cru, peut-être à tort, qu'ils allaient tous être régularisés. Et aujourd'hui on les rejette pour des raisons sans doute justifiées au regard des critères retenus, mais qui vont installer chez eux une très grande amertume. Peut-on traîner ça encore des années ? »
« Si on explique les choses aux Français, ils sont capables de les comprendre. J'ai été à deux reprises ministre de l'intérieur et j'ai bien vu quels étaient les problèmes. Après le premier moment de choc, l'opinion comprendra elle aussi que, de toute manière, ces gens-là ne partiront pas. Peut-être certains se demanderont-ils ce qui me prend ou si je suis passé à gauche. Moi, je dis que je suis seulement réaliste. »

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Noter que cette évaluation est stable depuis plus de vingt ans (voir ici) si l'on tient compte de l'accroissement de la population générale, ce qui suggère une situation d'équilibre peu compatible avec les discours alarmistes sur l'invasion.

Informations recueillies par Martine et Jean-Claude Vernier

 

 

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

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