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Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Mediapart - Cedre-Secours Catholique - 19/11/2019

Pour demander l'asile en Île-de-France, il faut passer depuis mai 2018 par une plateforme téléphonique gérée par l'OFII. C'est pratique, si personne ne répond, ça ne se voit pas !

Cette plateforme téléphonique est gérée par l'OFII, l'Office Français d'Immigration et d'Intégration (qui gère entre autres l'accueil des demandeurs d'asile sur le territoire français) et malgré la communication satisfaite de cette administration à ce sujet, les personnes ayant besoin d'une protection ont toutes les peines du monde à joindre quelqu'un, et ainsi obtenir le précieux rendez-vous qui leur permettra de lancer leur démarche.

Des demandeuses et demandeurs d'asile fréquentant le Cedre, un lieu d'accueil du Secours Catholique, ont souhaité interpeller directement le directeur de l'OFII pour lui demander de modifier ce système. Ce courrier, reproduit ici, a été rédigé au cours de plusieurs temps d'échanges ayant réuni au total plus de 60 personnes concernées par ce système inique.

Conjointement, 13 associations et 20 demandeurs d'asile déposent un recours mardi 19 novembre pour demander un rendez-vous pour chacun mais aussi pour faire modifier ce système qui empêche concrètement de nombreuses personnes de demander l'asile.


Courrier rédigé à Paris entre le 4 et le 18 novembre 2019,

Monsieur Didier Leschi, Directeur général de l’OFII,

Nous sommes des personnes étrangères souhaitant demander l’asile en France et nous vous écrivons aujourd’hui car nous sommes en Île-de-France depuis plusieurs semaines ou plusieurs mois, et n’arrivons pas à accéder à la demande d’asile.

En effet, depuis mai 2018, la France a mis en place en Île-de-France une plateforme téléphonique géré par l’OFII par laquelle doit passer toute personne qui souhaite demander l’asile. Ce système était censé améliorer les conditions de premier accueil et mettre fin aux files d’attente devant les Plateformes d’Accueil des Demandeurs D’Asile, pour respecter le droit européen de l’asile qui veut que les États enregistrent les demandes d’asile sous les trois jours suivant l’entrée sur le territoire. Cela est très loin d’être le cas, et le système de plateforme téléphonique s’est avéré défaillant.

La première raison est que le numéro n’est pas gratuit. Ainsi, à peine arrivés en France, sans aucune ressource, nous devons payer environ 5€ par appel pour accéder à ce droit fondamental. Or, la ligne étant saturée, un appel ne suffit jamais : certains de nous mettent jusqu’à six mois pour obtenir un rendez-vous. Tout ce temps-là, nous n’avons ni solution d’hébergement, ni allocation, ni protection santé. Certaines personnes n’ont même pas de téléphone pour appeler la plateforme et dépendent des proches ou des associations.

L’État nous laisse ainsi dans l’insécurité administrative : à tout moment, nous risquons d’être interpellés et expulsés vers notre pays d’origine sans avoir pu déposer notre demande d’asile en complète violation du droit international. Par ailleurs, les personnes ayant mis plus de trois mois à obtenir un rendez-vous sont placées en procédure accélérée, et voient ainsi leurs droits restreints, non pas par leur faute, mais en raison de la défaillance du système. La durée d’examen de leur demande est réduite, et elles n’ont ni droit à l’allocation de demandeur d’asile ni à une solution d’hébergement.

En ne nous permettant pas d’accéder à la demande d’asile, l’État nous met en danger. Sans solution d’hébergement, nous sommes obligés de vivre dans la rue, dans des campements ou dans des squats, dans de mauvaises conditions d’hygiène. Fragilisés, nous pouvons être exposés à des maladies graves et contagieuses et n’avons pas accès aux soins.

Sans assez de rendez-vous, l’OFII donne la priorité aux femmes, aux familles et aux couples. Cette politique ne leur épargne pas pour autant toutes les difficultés décrites jusqu’ici, car elles aussi subissent des délais anormalement longs pour accéder à leur demande d’asile.

Pour les hommes isolés, les délais d’attente explosent. Quand ils réussissent enfin, à force d’appeler, à avoir un interlocuteur, celui-ci raccroche sans examiner leur situation dès qu’ils se présentent comme homme isolé. Pourtant, ils n’en sont pas moins vulnérables : en situation irrégulière, sans solution d’hébergement, sans allocation, sans protection santé. Certains subissent des violences du fait de leur orientation sexuelle, d’autres vivent dans des conditions très précaires alors qu’ils sont gravement malades. Toutes ces situations de détresse, l’OFII ne prend même pas le temps de les examiner au téléphone.

Nous demandons à ce que l’État respecte ses engagements et permette à toute personne qui le souhaite de demander l’asile dans des délais dignes et légaux.

Pour cela, nous demandons qu’il y ait suffisamment de rendez-vous en Structure de Premier Accueil des Demandeurs d’Asile et au Guichet Unique des Demandeurs d’Asile et suffisamment d’agents de la plateforme téléphonique de l’OFII pour traiter toutes les demandes ;

Compte tenu des difficultés financières des personnes souhaitant demander l’asile, nous demandons la gratuité du numéro de la plateforme téléphonique.


Pour renforcer l’accès à l’enregistrement de la demande d’asile, nous demandons qu’un accès physique complémentaire à la plateforme téléphonique soit mis en place.

Enfin, pour mettre fin à notre insécurité administrative et à l’attente angoissante des personnes, nous demandons au minimum que des rendez-vous soient attribués sur plusieurs jours. 

Dans l’attente d’une réponse de votre part, veuillez recevoir, Monsieur Leschi, l’expression de nos sentiments les plus respectueux,

Des demandeuses et demandeurs d’asile
en attente d’obtenir un rendez-vous via la plateforme téléphonique.

 

 

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

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