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Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : La Depêche - Alain Arbogast - 21/9/2019

Mamadou Diallo, scolarisé au lycée des métiers Aristide Bergès vient d'avoir 18 ans et il est désormais menacé d'expulsion. Le personnel de l'établissement est vent debout contre ce qu'il qualifie d'«injustice» . C'est un élève brillant, très apprécié, qui aura son bac pro sans souci, expliquent ses professeurs dans un courrier à la préfète.

Mamadou Diallo originaire de Conakry en Guinée raconte son long périple avant d'arriver à Foix et les raisons qui l'ont poussé à quitter son pays pour se réfugier en France en octobre 2017.


Comment s'est déroulé ce long voyage ?

Il a été très difficile. J'ai traversé le Mali, l'Algérie, le Maroc, l'Espagne car les passeurs nous regroupaient dans des endroits précis afin que nous soyons le plus nombreux possible. Je n'avais pas beaucoup d'argent pour les payer alors je travaillais comme maçon sur différents chantiers.

Pourquoi avez-vous choisi la France ?

La Guinée est une ancienne colonie française et donc j'ai appris à parler le Français tout jeune, un atout pour mieux vivre ici. J'ai quitté mon pays à cause de problèmes familiaux. Je suis issu d'une communauté musulmane et mes parents n'étant pas marié légalement, ma maman a dû se séparer de mon papa. Elle a pu revenir dans le village de ses parents mais, ces derniers ont exigé qu'elle m'abandonne et donc depuis 2011 je vivais avec mon oncle maternel. En 2017, un jour il a quitté la maison et toute sa famille a été dispersée.

Quelle a été votre vie depuis votre arrivée en France ?

En octobre 2017, les autorités espagnoles ont payé mon voyage jusqu'à la frontière française. Le papa d'un jeune Algérien que j'avais rencontré est venu nous chercher et il m'a amené en voiture jusqu'à Foix. Je me suis présenté à la police qui a vérifié mes papiers d'identité et j'ai été placé dans un foyer à Pamiers. Ensuite on m'a transféré plusieurs mois en Ille-et-Vilaine où j'ai vécu à l'hôtel sans aller à l'école, sans rien faire de la journée. Revenu en Ariège, Christian Morisse président départemental de la ligue des droits de l'homme m'a confié à deux familles d'accueil de Foix. Depuis l'an dernier je suis interne au lycée Aristide Bergès et le week-end je retourne dans l'une ou l'autre famille. Et puis la mauvaise nouvelle, la notification d'obligation de quitter le territoire français est arrivée ! Les raisons qui m'ont poussé à quitter mon pays sont toujours là, je ne veux pas revenir en Guinée.

Mamadou Diallo est en première bac pro technicien en installations sanitaires, énergétiques et climatiques. Il souhaite préparer par la suite un BTS énergie.


Le personnel de Bergès défend le jeune lycéen

La communauté éducative du lycée des métiers Aristide Bergès se mobilise pour Mamadou. Dans une lettre envoyée à Chantal Mauchet, préfète de l'Ariège, professeurs et agents techniques demandent pour cet élève l'abandon de l'obligation de quitter le territoire et l'octroi d'un titre de séjour.

«Ce jeune se singularise par l'excellence de ses résultats, l'assiduité et la motivation avec lesquelles il aborde ses études, explique l'équipe de Bergès dans ce courrier. Très bien intégré dans le lycée, il est estimé de ses camarades et très impliqué dans la vie de l'établissement. En 2018, il a remporté le 1er prix au niveau départemental du concours de l'éloquence organisé par la fondation de la Dépêche du Midi et le rectorat de l'académie. Lors des périodes de formation en milieu professionnel, Mamadou a montré qu'il savait parfaitement s'intégrer dans le monde du travail. Ses maîtres de stage ont toujours salué son investissement et ses prises d'initiatives. Cette détermination se trouve renforcée par la récente signature d'un contrat d'apprentissage. Après l'obtention du bac pro, qui ne fait aucun doute pour nous, il espère intégrer un BTS énergétique. Cette injonction de quitter le territoire survient alors que Mamadou passe en ce moment des épreuves en vue d'obtenir un BEP. Une telle décision, inhumaine et injuste, prive d'avenir un jeune homme méritant. Nous comptons sur votre diligence et votre humanité afin de trouver une solution qui permettra à Mamadou Diallo de finir ses études dans des conditions dignes et sereines».


Les précisions de la préfecture

Le 29 juillet 2019, Monsieur. Diallo a déposé une demande d'autorisation exceptionnelle de séjour (...) qui a fait l'objet d'une étude attentive. (...) Il n'a pas pu être donné une suite favorable à sa demande, d'autant que l'ensemble de sa famille (parents, frère et sœur) demeure en Guinée. En conséquence, une obligation de quitter le territoire lui a été notifiée. (...) Monsieur Diallo a la possibilité de contester cette décision auprès du tribunal administratif de Toulouse.


Le soutien de la Com' comm

Lors de son dernier bureau communautaire, les membres ont adopté la motion suivante proposée par le président, Jean-Noël Vigneau : «(...) Mamadou Diallo se singularise par l'excellence de ses résultats, l'assiduité et la motivation avec lesquelles il aborde ses études. Très bien intégré dans le lycée, il est très estimé de ses camarades et très impliqué dans la vie lycéenne. Lors des périodes de formation en milieu professionnel, Mamadou a montré qu'il savait parfaitement s'intégrer dans le monde du travail (...) Le bureau communautaire, considérant l'aspect humanitaire de la situation, l'investissement et l'apport culturel de Mamadou, s'associe et soutient l'action de la communauté éducative du Lycée Professionnel Aristide Bergès de Saint Girons».

Propos recueillis par Alain Arbogast

 

 

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

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