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Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Mediapart - Rafik Chekkat - 15/7/2018

Les Bleus, « 6ème équipe africaine » ? Ce surnom présente un défaut majeur, celui d’occulter totalement l’expérience pourtant décisive de l’exil. Car l’histoire de l’équipe de France de football, c’est l’histoire des immigrations coloniales et postcoloniales. Et ce n’est pas qu’une belle histoire.

Steve Mandanda est né à Kinshasa, la mère de Blaise Matuidi et les pères de Steven Nzonzi et Presnel Kimpembe sont Congolais ; Samuel Umtiti est né au Cameroun d’où est originaire le père de Kylian Mbappé ; la mère de l’attaquant du PSG est algérienne, tout comme le sont les parents de Nabil Fékir ; N’golo Kante est un binational malien, les parents de Djibril Sidibé sont eux aussi originaires du Mali et ceux de Paul Pogba de Guinée-Conakry ; sans oublier Corentin Tolisso (Togo), Benjamin Mendy (Sénégal), Adil Rami (Maroc), Ousmane Dembélé (Mauritanie)…

Les Bleus, « 6ème équipe africaine » ? Ce surnom présente un défaut majeur, celui d’occulter totalement l’expérience pourtant décisive de l’exil. Car l’histoire de l’équipe de France de football, c’est l’histoire des immigrations coloniales et postcoloniales. Et ce n’est pas qu’une belle histoire.

La réussite des joueurs afrodescendants dans le football de haut niveau est incontestable. Dans un sport où selon une terminologie malheureuse les clubs « vendent », « prêtent » et « achètent » des joueurs, quatre des cinq plus grosses transactions de l’histoire concernent des joueurs noirs (Neyman Mbappé, Dembélé et Pogba). Que les Français occupent une place de choix dans ce classement atteste de la compétitivité de leur équipe nationale, dont il faudrait aujourd’hui valoriser tout autant les performances sur le terrain que le symbole de modernité et de diversité qu’elle représente.

La « success story » des Bleus masque la réalité d’un milieu où la concurrence fait rage et où l’on compte beaucoup d’appelés et assez peu d’élus. La surreprésentation de Noirs parmi les joueurs d’élite s’accompagne également de leur absence aux postes de direction. Combien de joueurs noirs se retrouvent après leur carrière professionnelle aux postes d’encadrement, à la Direction technique nationale ou au Conseil fédéral de la FFF ? Pratiquement aucun. Les cas de Pape Diouf (président de l’OM entre 2004 et 2009) et Philippe Diallo (ancien directeur général de l’Union des clubs professionnels de football) demeurent des exceptions. Sur les 40 clubs de Ligue 1 et de Ligue 2, on ne trouvait pendant longtemps qu’un seul entraineur noir (Antoine Kombouaré), rejoint cette saison par Patrick Vieira. Aucun Noir n’a été sélectionneur de l’équipe nationale. Aux uns la performance sportive, aux autres l’intelligence, la stratégie et la logique. Dans le football professionnel masculin, la racialisation des rôles joue à plein.

Le succès sportif et la composition ethnique de l’équipe de France renvoient l’image d’une nation à la fois joyeuse et apaisée. Huit joueurs d’ascendance africaine ont participé au match face à l’Argentine et à la qualification de la France pour les ¼ de finale. Trois jours plus tard, Aboubakar Fofana, 22 ans, était abattu à Nantes lors d’un contrôle de police. Et tandis que nous suivons pas à pas le parcours des Bleus, des milliers d’Africain.es, jeunes et moins jeunes, tentent chaque jour au péril de leurs vies de gagner l’Europe au bord d’embarcations de fortune. Pour tant de Pogba, Zidane, Kanté, Desailly ou Mendy, combien sont morts en mer ? Depuis le premier titre de champions du monde des tricolores il y a 20 ans, pas moins de 50 000 Africain.es sont mort.es en Méditerranée.

La France a bâti son succès dans le sport de haut niveau sur son immigration, tandis que les autorités de ce pays mènent une chasse implacable aux migrants et que les populations en provenance des anciennes colonies continuent de subir toutes sortes de discriminations. A côté des médailles olympiques et des victoires en Coupe du monde, il y a la sueur des femmes de ménage et des ouvriers spécialisés, les larmes et le sang versé par les exilés. Avant que les Sidibé, Dembélé et Fékir ne fassent le bonheur de leurs clubs respectifs et des Bleus, quelles souffrances ont enduré leurs parents ou grands-parents ?

Tous ces joueurs qui sont la vitrine multiethnique de la France sont les enfants d’une gigantesque entreprise de dépossession, la colonisation. Sans elle, nul doute que les structures du football africain seraient bien meilleures. Et les résultats des équipes du continent aussi. Les travaux pionniers de Walter Rodney ont montré comment l’Europe a sous-développé l’Afrique. Et le football ne fait pas exception.

Sport le plus populaire de la planète, le football possède une caisse de résonance sans pareille. Le dirigeant d’une nation performante dans cette discipline est tout heureux de pouvoir capter à son profit une partie de ce succès. Une société unie et pacifiée est le rêve totalitaire et technocratique d’un social qui ne soit plus conflictuel et ce n’est pas pour rien si l’annonce du « plan pauvreté » d’E. Macron a été reportée après le Mondial. Mais l’illusion est souvent de courte durée.

Malgré les succès retentissants de 1998 et 2000, la France labellisée « Black-Blanc-Beur » n’a pas fait long feu. L’arrivée de J-M Le Pen au second tour de la présidentielle de 2002 a coïncidé avec le début de la décennie Sarkozy. Il y a eu la loi sur les signes ostentatoires à l’école, les banlieues à nettoyer au « Karcher », les émeutes de l’automne 2005 consécutives à la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré, l’affaire des quotas dans le foot...

Loin d’être la face lumineuse d’une société multiculturelle, nous savons d’expérience que cette équipe de France est l’arbre qui cache l’immense forêt des discriminations. Ses succès (ceux de 1984, 1998 et 2000, et dans une moindre mesure les finales perdues de 2006 et 2016) ont surtout servi à masquer les hiérarchies raciales existantes plutôt qu’à contribuer à ouvrir le débat sur elles. Comme toutes les générations qui les ont précédées, les Bleus d’aujourd’hui ont la couleur du déni.

En cas de victoire face à la Croatie, une douce euphorie gagnera le pays, diffusant à nouveau l’image d’une France métissée et triomphante, certainement plus présentable que la réalité actuelle d’enfants enfermés dans des Centres de rétention administrative ou de demandeurs d’asile soudanais torturés à leur arrivée à Khartoum après avoir été expulsés par les autorités françaises (Omar el-Béchir sera d’ailleurs l’invité d’Emmanuel Macron pour soutenir l’équipe de France lors de la finale moscovite). « Il n’est pas de témoignage de culture qui ne soit en même temps un témoignage de barbarie », écrivait Walter Benjamin. Et le football ne fait pas exception.

 

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

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