En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour vous proposer des services adaptés.

cdv logo  

Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

logo EGM Toulouse

Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

16/5/2019 - Ce matin à 9h15, un peu d'attente devant la grille du CRA mais c'est surtout la fouille qui a été assez poussée. J'ai du retirer mes chaussures et JP s'est fait palpé consciencieusement. Nous avons parlé avec Ray* qui est au CRA depuis 40 jours. Il n'en peut plus et prend un anxiolytique chaque soir pour dormir . Il nous apprend aussi qu'il partage sa chambre avec 2 autres personnes. Rappelons que chaque chambre est normalement prévue pour 2 personnes . Faute de places, un matelas a été ajouté par terre ! Cette visite a un air d'au revoir car il nous fait part de ”son départ” en Russie demain matin. Il ne s'y opposera pas car il n'en peut plus de l'enfermement. L'administration a son passeport donc pas besoin de laisser passer consulaire. Il s'est résigné à repartir là-bas abandonnant ainsi une formation de cuisinier en cours et tout espoir de diplôme. Il s'inquiète aussi pour sa maman qui va rester seule. Côté coeur, ce beau jeune homme a plus de réussite car même son ex petite amie vient lui rendre visite mais il en aime une autre et se refuse à un mariage pour les papiers. On lui a même collé une interdiction de territoire de 3 ans alors tout retour avant est mission impossible. Un espoir: un recours au tribunal administratif fait par son avocat. Nous lui avons demandé de garder un contact avec nous après son expulsion. Il a promis de le faire.

Seconde visite dans la foulée à une dame érythréenne en grande souffrance. Ce n'est pas seulement sa vie au CRA qui la fait pleurer , c'est toute son existence. En Erythrée, les femmes comme les hommes font un service militaire (https://www.amnesty.org/fr/countries/africa/eritrea/report-eritrea/), mais Ngodsi* ne l'a pas terminé pour des raisons médicales (si on a bien compris). De plus être de confession chrétienne dans ce pays, n'est pas non plus une situation facile ( https://www.portesouvertes.fr/persecution-des-chretiens/profils-pays/erythree ). Elle a alors commencé à vendre de petites choses avec sa mère mais la police chaque fois bloquait ou détruisait leur commerce. A la mort de la maman, ses frères et sœurs se sont exilés en Lybie, en Allemagne et elle en Arabie Saoudite où elle a vécu l'enfer de l'esclavage domestique pendant 10 ans. Elle en garde encore des séquelles physiques et psychiques. Des sanglots interrompent ses paroles. Passée en Turquie grâce à un visa obtenu par son dernier patron, elle mise tout sur un hypothétique mariage avec quelqu'un connu par internet ou téléphone mais personne n'est venu au rendez-vous. Ensuite, c'est une pause autorisée de 6 mois en Grèce où elle a un peu de liberté d'aller et venir. Puis elle reprend son chemin vers l'Espagne . Mais tout se fracasse pour elle à la frontière franco-espagnole, et elle se retrouve au CRA de Cornebarrieu. Elle espère émerger de ce cauchemar terrestre avec une demande d'asile faite depuis le centre de rétention avec l'aide de la Cimade; Elle attend avec angoisse la réponse de l'OFPRA. Son frère a réussi à avoir des papiers en Allemagne et lui parle au téléphone disponible dans le secteur femme . Je pense que notre visite lui a fait du bien , nous retournerons et lui remettrons un téléphone pour que son frère puisse l'appeler avec un peu plus d'intimité, et quelques vêtements de rechange déjà récupérés au secours populaire de Blagnac.

* les prénoms ont été changés

 

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

Visites au CRA

Archive

Powered by mod LCA