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Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Cronique du CRQA de Paris-Vincennes - 23/10/2019

Abdel, algérien, 30 ans, est enfermé au CRA depuis 3 jours.

Ce petit commerçant provincial, non marié faute de moyens, a quitté son pays parce qu’il ne supportait plus les tracasseries, les « mafias » qui mettent la main sur les activités économiques et entravent le développement et l’épanouissement des jeunes, nous comprenons qu’il a eu maille à partir avec « le système ».


À 30 ans, il a obtenu un visa de tourisme de la Turquie : cela  va lui permettre de s’engager dans un difficile et périlleux parcours de migration. Entré en Europe par la Grèce, il a traversé la Macédoine, la Serbie et la Bosnie pour arriver en  Croatie. Mais celle-ci le renvoie en Bosnie où il va être enfermé dans un camp pendant plusieurs mois dans des conditions difficiles : les policiers frappent, la nourriture est mauvaise, pas de soins médicaux… Après sa libération,  le voyage  de Sarajevo à Bihac, puis Trieste avec des passages difficiles à pied par des chemins détournés a été  éprouvant. Il en garde des séquelles aux jambes et aux pieds ; des plaies mal soignées se sont infectées pour lesquelles il a demandé une consultation à l’hôpital. Rendez-vous avait été pris mais cela s’est trouvé en même temps que l’audience au Tribunal administratif. Demande à renouveler…


 Il ne voulait  pas rester en Italie car il compte mieux réussir en France : il en connaît un peu la langue, nous dit-il, en alternant anglais et français…  Mais il a été  contrôlé dès son deuxième jour en France, à la sortie du car qui l’amenait à Paris. Il a été ensuite mis en retenue et était en attente de voir le Juge qu’il verra le lendemain de notre visite. La décision était attendue: maintien en rétention.


Abdel nous a demandé de contacter ses cousins installés en France, en province. Mais ses chances de sortir du CRA, libre, sont faibles bien qu’il ait déposé une demande d’asile dans les 5 jours, via l’ASSFAM.


Par ailleurs il souhaite avoir des vêtements de rechange ce que nous allons essayer de lui trouver et de lui faire parvenir lors d’une autre visite à des retenus du même CRA car on ne peut pas déposer à l’accueil  des paquets à destination des retenus. Les demandes de vêtements sont nombreuses, ce qui nécessiterait l’organisation d’un vestiaire permanent.




Mohammed, marocain, en CRA depuis 10 jours.

Cet homme, âgé de 20 ans, est père d’un enfant de 14 mois et attend un 2d enfant. Son épouse est enceinte de 6 mois.
Il est né à Casablanca et a été recueilli à 5 ans par sa grand-mère après le divorce de ses parents. Il a été ensuite confié par sa grand-mère à une amie qui l’a emmené en Espagne pour qu’il passe en France où il est arrivé à l’âge de 13 ans. De foyer en foyer, d’abord en Espagne, puis en France dans le 93, 95, 94, à ses 17 ans il a été envoyé dans un hôtel puis à la rue. Nous comprenons que cette période a été très chaotique et qu’il ne veut pas beaucoup en parler. Il a d’ailleurs perdu tout document attestant de ces 4 années en foyer et n’a pas de papiers. Ce qui compte pour lui c’est la nouvelle vie qu’il mène depuis son mariage et la naissance de son fils. De cela il est heureux. Il assume le loyer et la nourriture de sa petite famille. Employé par un coiffeur marocain en qui il a toute confiance il s’est formé à la coiffure et gagne 900 € par mois. Il semble avoir des bulletins de paie…


À la fin de la visite, nous apprenons qu’en février 2018 il a déjà eu une OQTF pour 24 mois ! À son passage devant le JLD, il a récolté 28 jours et attend la suite…
Nous lui conseillons de retrouver les traces de ses placements.


Quelques temps plus tard, lors d’une communication avec un retenu, nous apprenons que Mohammed est toujours présent au CRA.
 
 

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

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