Dans le brouhaha et les lumières du marché de Noël , 25 à 30 personnes ont réussi à se trouver un espace pour dessiner un cercle en ce dernier mardi de l'année 2018.
Jouxtant le cercle silencieux, un petit train bruyant emporte des enfants pour 4 ou 5 tours de piste et sur les façades des immeubles de la place du Capitole, défilent des images lumineuses.
Ce cercle se tient en dehors de l'enceinte surveillée du campement des cabanes des marchands. Il est à l'extérieur des grilles qui entourent ce marché bruyant.
Quel symbole !
Être hors de l'espace clos, être à l'extérieur de l'espace surveillé, pour dénoncer l'enfermement des personnes étrangères. C'était fort, c'est très fort.
Et cette petite lampe toute simple allumée au centre du cercle, ce modeste symbole qu'un espoir est possible, que nous allons éveiller nos consciences et cesser d'être aveugles aux autres.
Dans son livre « l'aveuglement », l'écrivain José Saramago nous raconte une humanité en déchéance qui perd ses repères en perdant la vue. Il nous montre l'exacerbation des comportements qui s'inclinent vers l'animalité en humiliant et terrorisant les plus faibles.
C'est une fable tragique qui regarde les hommes s'agiter, se débattre...mais les fables racontent parfois très bien la réalité.
Des gens pressés sont passés ce mardi, certains en coupant le cercle, frôlant de leur pied la veilleuse allumée, d'autres en le contournant sans s'attarder toutefois. Quelques uns se sont arrêtés, le temps de se pencher sur le panneau expliquant l'existence de ce rassemblement.
Un photographe, intrigué par cette présence silencieuse a pris quelques clichés puis est reparti avec sa boite à images.
Un homme, tenant par la main un petit garçon, a lancé en passant « on n'y arrivera pas, madame...c'est le capitalisme ! »
19h30, le cercle se défait. Quelques mots sur l'actualité des exilés, réfugiés et sans-papiers, sur l'importance de continuer à venir à ce rendez-vous mensuel, une pensée pour Michel Dagras, un des co-fondateur de cette protestation silencieuse et non violente.
Le prochain cercle se réunira le mardi 29 janvier à 18h30. La durée d''enfermement, légalisée par la nouvelle loi Asile et immigration, sera alors de 90 jours dans tous les centres de rétention français, pour le seul motif de ne pas avoir de papiers pour être autorisé à poser le pied sur le sol français.