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Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

« Considérant qu’ici-même l’on habite, cuisine, danse, fait l’amour, fait de la politique, parle une vingtaine de langues, chante l’espoir et la peine, pleure et rit, contredit ô combien les récits dont indignés comme exaspérés s’enivrent, assoiffés des images du désastre, bourrés de plaintes, écoeurés par ce qui s’invente, s’affirme et déborde. »

Par Sébastien Thiéry, politologue, enseignant à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris Malaquais, coordinateur des actions du PEROU – Pôle d’Exploration des Ressources Urbaines

Vu la République, la fraternité en ses fondements, l’hospitalité à l’horizon.

Vu les bouleversements des temps présents, la perspective de mouvements migratoires extraordinaires à venir, la démultiplication annoncée de « jungles » dans les plis et replis de nos métropoles.

Considérant que la « jungle » de Calais est habitée par 5 000 exilés, non pas errants mais héros, rescapés de l’inimaginable, armés d’un espoir infini.

Considérant qu’ici-même vivent effectivement, et non survivent à peine, des rêveurs colossaux, des marcheurs obstinés que nos dispositifs de contrôle, procédures carcérales, containers invivables s’acharnent à casser afin que n’en résulte qu’une humanité-rebut à gérer, placer, déplacer.

Considérant que Mohammed, Ahmid, Zimako, Youssef, et tant d’autres s’avèrent non de pauvres démunis, mais d’invétérés bâtisseurs qui, en dépit de la boue, de tout ce qui bruyamment terrorise ou discrètement infantilise, ont construit en moins d’un an deux églises, deux mosquées, trois écoles, un théâtre, trois bibliothèques, une salle informatique, deux infirmeries, vingt-huit restaurants, quarante quatre épiceries, un hammam, deux salons de coiffure, des histoires d’humanité reléguées au statut d’anecdotes dans l’histoire officielle de la « crise des migrants ».

Considérant qu’ici-même l’on habite, cuisine, danse, fait l’amour, fait de la politique, parle une vingtaine de langues, chante l’espoir et la peine, pleure et rit, contredit ô combien les récits dont indignés comme exaspérés s’enivrent, assoiffés des images du désastre, bourrés de plaintes, écoeurés par ce qui s’invente, s’affirme et déborde.

Considérant que chacun des habitats ici dressé, tendu, planté, porte l’empreinte d’une main soigneuse, d’un geste attentif, d’une parole liturgique peut-être, de l’espoir d’un jour meilleur sans doute, et s’avère une écriture bien trop savante pour tant de témoins dont les yeux n’enregistrent que fatras et cloaques, dont la bouche ne régurgite que les mots « honte » et « indignité ».

Considérant que quotidiennement depuis début septembre 2015 des centaines de britanniques, belges, hollandais, allemands, italiens, français, construisent dans la « jungle », distribuent vivres et vêtements, organisent concerts et pièces de théâtre, créent radios et journaux, dispensent conseils juridiques et soins médicaux, et le soir venu occupent les lits des campings alentours et de l’Auberge de Jeunesse de Calais, haut-lieu d’une solidarité active extraordinaire, centre de l’Europe s’il en est.

Considérant que jamais les associations calaisiennes n’ont enregistré autant de propositions de dons et de bénévolat, et que ne cesse pourtant d’être narré le récit d’une unanime exaspération collective, d’une violence et d’un racisme prétendument généralisés, d’une pourriture surexposée salissant une ville autant que les kilomètres de barbelés la défigurent.

Considérant que Calais est, de facto, une ville-monde, avant-garde d’une urbanité du 21e siècle dont le déni, à la force de politiques publiques brutales, témoigne d’un aveuglement criminel à l’endroit de ce qui vient, d’un mépris mortifère de ce qui s’affirme.

Considérant que la « jungle » ne disparaîtra pas, ni à la force d’une violence légale déployée comme si s’organisait là une bande de criminels, ni par la grâce des « solutions » abstraites de « l’hébergement pour tous », dont les containers du « Centre d’Accueil Provisoire » à 20 millions d’euros exposent, sidérante, l’absurdité.

Considérant que la faillite des acteurs publics et l’incurie de leurs solutions sont si vastes, que dans une semaine, un mois, un an, la « jungle » de Calais apparaîtra au centuple, et que demeurera comme seul trésor public le fruit de ce que calaisiens et exilés auront cultivé malgré tout, à savoir ce qui nous rapproche.

Déclare :

— 1 : Que la destruction annoncée par la Préfète du Pas-de-Calais de la partie sud de la « jungle » de Calais, comprenant notamment une école resplendissante, s’avère une infamie, un acte de guerre irresponsable conduit non seulement contre des constructions, mais aussi contre des hommes, des femmes, des enfants, des rêves, des solidarités, des amitiés, des histoires, une opération militaire écervelée conduite non seulement contre le bidonville, mais contre ce qui fait ville à Calais.

— 2 : Que résister nécessite de riposter enfin au déni de réalité généralisé, de contredire les professionnels de la plainte comme les promoteurs de l’exaspération, de rendre célèbre ce qui s’affirme aujourd’hui à Calais, de faire retentir le souffle européen qui s’y manifeste, de s’avérer autrement attentifs aux promesses d’avenir qui s’y dessinent, à la beauté des bâtisseurs, à la vie qui toujours invente.

— 3 : Que penser et agir de nouveau à Calais, au devant d’une situation-monde nous concernant tous, c’est s’inspirer des gestes de celles et ceux qui construisent inlassablement en dépit de la haine qui porte le nom de « politique publique », c’est poursuivre l’édification d’une cité-oasis du 21 siècle où trouver abris de droits, de culture, de joie et de fraternité, c’est risquer d’autres formes d’écritures politiques de l’hospitalité, de ce que nous avons en commun, de notre République.

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

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