Communiqué | 07/01/2016
Le 8 janvier 2016, sont jugés à Toulouse, des réfugiés
syriens demandeurs d’asile.
Ils sont obligés, depuis presqu’un an, de squatter un bâtiment dans le quartier des Izards,
faute de proposition de logement qui tienne compte de leur situation.
Quel est leur crime ? Occuper un bâtiment tout à fait correct, entretenu par ces familles, mais
voué à la destruction par le bailleur social « Habitat Toulouse » dans le cadre de la
métropolisation des quartiers populaires. Qu’on en juge : dès qu’un appartement est libéré,
le bailleur se précipite pour le rendre inutilisable : les portes et les fenêtres sont arrachées,
les salles de bains sont dégradées ; des vigiles sont même payés, la nuit, pour veiller à la
non-occupation des logements : drôle de social pour une destruction !
Quant aux peu de propositions de relogement : elles sont très souvent loin de Toulouse,
façon de reléguer toujours plus loin mais surtout de disperser les familles. Or la famille, sa
solidarité, est ce qui permet de tenir, face aux traumatismes de l’exil, de la guerre, du voyage,
et, ici, du non-accueil ; avec les enfants aussi, scolarisés dans des écoles des quartiers
voisins, qui sont bien ancrés dans leurs désirs d’école et stabilisés dans ces lieux : faut-il les
arracher, une fois de plus, à leur ancrage ?
Face aux tracasseries multiples, ces personnes prennent leur vie en charge, les relations
positives dans le quartier, les manifestations de solidarité par les toulousains et les
associations.
C’est sans compter avec la sinistre politique, à la sauce française, qui fait la course à
l’hostilité aux étrangers et encourage un climat d’ostracisme envers les populations jugées
indésirables. La caricature de cette position étant la situation à Calais où on laisse les gens
pourrir dans des conditions infrahumaines, pour mieux monter la population locale contre
eux, où on rafle même les gens pour les envoyer dans des centres de rétention
administrative, le plus loin possible et d’où on les relâche dans la nature, faute de pouvoir les
expulser, mais non sans avoir détruit leurs affaires !
Face à la détresse sociale, médicale et sanitaire, il y a un devoir de « mise à l’abri ». Face à
l’impasse du logement social, y compris pour la population française marginalisée, il y a un
devoir de réquisition ; cela s’appelle garantir « l’ordre public » lorsque la dignité des
personnes n’est pas assurée.
Qu’on laisse donc ces personnes choisir dans la sérénité leur lieu de vie, dont elles peuvent
être responsables ; qu’on se mobilise contre les impasses administratives, le règlement de
Dublin, par exemple, qui permet de ne pas enregistrer les demandes d’asile et laisser les
familles en déshérence.
Est déjà engagé, à Toulouse, par et avec ces familles, un processus de restauration, de
réparation et de partage de solidarité ; ne nous laissons pas intimider par ces petites
persécutions quotidiennes.
Aujourd’hui, avec les syriens, nous ne risquons que le respect de nous-mêmes et un
pays en commun, à construire.
Nous, simples citoyens ou bénévoles de diverses associations d’aide aux réfugiés, migrants,
personnes en situation d’extrême détresse, dénonçons ce fait de justice seule réponse
apportée aux réfugiés Syriens de Toulouse, à un moment où de nombreux pays européens
se mobilisent pour organiser accueil et soutiens devant ce drame de l’exil.
Nous demandons à l’Etat et à la ville de Toulouse de tout mettre en œuvre pour ne pas
abandonner ces 250 réfugiés femmes, hommes et enfants dont beaucoup sont en situation
d’extrême urgence et ceci à l’approche de grands froids.
Des citoyens et bénévoles toulousains, solidaires des réfugiés de Toulouse.